« Au fil du temps, de mes travaux de recherche-création, j’ai développé des chemins d’alliance, par la danse, avec des partenaires et d’environnements. J’ai progressivement élaboré une méthode de composition instantanée : Corps sismographe, qui propose de tracer, par le geste chorégraphique, les informations reçues, à la fois de l’environnement externe et de l’intériorité. Cette méthode est issue d’une tentative de mise en œuvre simultanée de divers aspects de la pratique, à savoir :
L’intention est d’œuvrer pour le collectif, pour l’époque, pour la Terre, en investissant des relations avec le non-uniquement-humain, la nature, la pensée et l’inconscient.
Partant d’une connexion moléculaire à la matière et d’une résonance cellulaire avec le vivant organique, puis activant une dynamique de réciprocité entre interne et externe, le corps, comme un sismographe trace en temps réel les informations qu’il perçoit (images, mouvements, impressions, sensations...). Cette pratique fait naviguer la perception de strate en strate. Elle additionne différents niveaux de sensation et de perception, et naviguer entre eux. Elle inclut un travail avec l’émotion et l’inconscient, ainsi qu’avec une dimension vibratoire-énergétique.
L’enjeu, ici, est au moins triple :
Par la danse, le corps sismographe entre ainsi en résonance avec différents lieux, leurs empreintes temporelles, énergétiques ou émotionnelles. Il trace simultanément et en temps réel, des informations vibratoires-ondulatoires provenant d’un environnement naturel et des informations émanant de parts inconnues ou inconscientes, dites « parts informulées ». Sélectionnant différents points d’entrée, il compose tour à tour à partir de sources internes et/ou externes, sensorielles et/ou émotionnelles, les interconnectant les unes aux autres. Il se fait ainsi le révélateur de l!endroit où il se trouve. Ainsi, plutôt que de danser, il s!agit d’être dansé par les lieux, les circonstances et les atmosphères. La danse devient la manifestation des liens entre le corps et son environnement. Elle capte et révèle les énergies des lieux sans chercher à leur donner une signification, afin de rendre visible ce qui n’apparaît pas toujours à la perception ordinaire. Tissant des liens ce continuité entre humain et non-humain, conscient et inconscient, visible et invisible, ombre et lumière, elle connecte à la Terre. »
Nadia Vadori-Gauthier
Cartes à danser : Réel Machine, conçues par Nadia Vadori-Gauthier, pour la méthode qu'elle a élaborée : Corps sismographe®.